Le jour où...j'ai été propulsée au XVIIIème siècle

Publié le par Oho en Inde

 L'autre jour, je pensais à Action Man.

 

Il y a l'Action Man Moto Extrême (check!).

 

L'Action Man Commando en bateau avec barque et arme (moi c'était plutôt avec masque et tuba mais check!).

 

Ou encore l'Action Man l'Homme de la forêt avec son Gorille (no comment).

 

Mais cet Action Man, il y a bien un moment où, des ampoules plein les pieds et du cérumen plein les oreilles, il rentre à la maison! Pourtant, ce n'est pas demain la veille que l'on verra chez Toys'R'Us, l'Action Man avec ses Pantoufles et sa Télé, ou encore l'Action Man soigne ses Pieds.

 

Tout cela pour vous annoncer que je suis de retour en France (home, clean home), depuis maintenant 3 mois...! Et, poussée par mes anges gardiens, je sors enfin de mon mutisme pour continuer à vous raconter comment c'est, au pays de Gandhi. Et oui mes amis! L'heure de la rétrospective a sonné!

 

Je me vois soudain dans 50 ans.

 

Les épaules tombantes enserrées dans un châle de maille lâche, les mains sagement croisées sur mes genoux, je me balance dans mon rocking-chair, sur la terrasse d'une jolie maison coloniale, baignée par la douce lueur orangée d'une paisible fin d'après-midi. Mes yeux fatigués fixent l'horizon, vers ce lointain qui m'aura fascinée toute ma vie. Je pense à mes petits-enfants qui viendront déjeuner demain, à qui je préparerais des choux de Bruxelles et de la langue de boeuf car ils adorent ça, surtout le petit, enfin je crois, et à qui je raconterais mes merveilleux souvenirs...mes souvenirs du jour où...

 

Mais j'y pense! Point n'est besoin d'attendre 50 ans! Je vis une époque merveilleuse! Je peux radoter sur le Web dès maintenant!

 

Alors, chers lecteurs, c'est parti pour le souvenir de mémé n°1.


Le jour où...j'ai été propulsée au XVIIIème siècle. 

 

Il y a un truc qui m'a toujours rendue perplexe.

 

Pourquoi est-ce que dans les romans qui se déroulent au XVIIIème siècle (ou dans ces eaux là, à deux siècles près), lorsque quelqu'un arrrive chez un ami, après un trajet de quelques heures en calèche, dilligence, phaéton ou autre boîte à camembert, on lui dit, immanquablement: "Par ici, mon ami, Lisette va vous conduire à votre chambre, pour que vous puissiez vous rafraîchir avant de nous rejoindre au salon." Genre: "Mon pauvre ami, on dirait que tu viens de te battre avec une meute de poules dans un bac à sable un jour de canicule, alors tu es gentil, tu vas te laver, car il est hors de question que tu nous infliges ton répugnant spectacle pour le thé."

 

Pourtant, moi, quand je sors d'un trajet de 5 heures en TGV, j'ai juste envie de me laver les mains quoi...

 

En Inde, j'ai découvert que tout ceci avait en fait un sens.

 

Un jour, je décidai de faire des emplettes.

 

A mon appel, le taxi s'arrête devant le perron de mon hostel (les "dortoirs" sur le campus). Je m'avance, et le cocher...euh...le taxi driver s'élance pour m'ouvrir la portière (ça fait 5 minutes que je m'acharne dessus comme une conne, elle est cassée). Madaaaaame.

 

"Behala, please." Behala est un quartier de Calcutta qui rassemble de nombreuses boutiques de textile, les Silk Palaces en tout genre (Palais de Soie, que c'est doux à l'oreille!).

 

Une brusque accélération, et les 84 chevaux indomptables de l'Ambassador sont lancés à vive allure sur les routes cahoteuses d'une Calcutta poussiéreuse...

 

Quatre minutes que l'on roule. Encore deux minutes à ce train là, et j'ai des dread locks gratos, avec un fond de teint "Poudre du désert effet matifiant" en cadeau bonus. Mes vêtements collent à ma peau, tandis que la sueur qui s'accroche à mes cils me pique les yeux. Dehors, les klaxons font la loi, tels des hennissements diaboliques (profitez-en bien, j'arrive au bout de la métaphore).

 

On est arrivés! Je sors de la calèche un peu hagarde, avec l'impression d'avoir été encore moins bien traitée qu'une feuille de salade dans une essoreuse.

 

J'entre dans une boutique. Les soieries et les cotonnades illuminent la pièce de leurs couleurs chatoyantes. Jusqu'au plafond, les étagères en sont remplies. Le propriétaire du magasin est pris de frénésie, me presse de m'asseoir, me propose un cai. (J'ai la vieille impression d'être telle une duchesse qui entrerait dans l'échoppe d'une petite couturière de province pour se faire faire une robe de bal, manquant ainsi de provoquer une crise d'apoplexie prématurée.) Il commence à déployer devant moi des mètres et des mètres de tissus aux motifs plus beaux les uns que les autres. Voici donc ces indiennes de coton qui ont fait le succès de l'industrie textile britannique au XVIIIème siècle...C'est de ces boutiques qu'éclot la grâce des femmes indiennes. ici, tout est taillé sur-mesure dans ces jolis tissus. On se retrouve propulsée des siècles auparavant, lorsque l'on se perchait sur un tabouret, au centre  d'une coquette pièce aux murs tapissés de miroirs, avec trois couturières agenouillées sur l'ourlet de notre robe, des épingles plein la bouche et le chignon de guingois (Le jour où cela vous arrive chez Zara, faites-moi signe!)...

Les filles, vous aviez besoin d'une bonne raison d'aller en Inde? La voici.

 

En Inde, nous sommes des PRINCESSES !

 

"Je suis une princesse", me disais-je en descendant du taxi, échevelée, les bras chargés de fanfreluches inutiles, les cheveux collés au visage, la poussière crissant sous les dents, l'auréole ailleurs que sur la tête.

 

Une princesse, oui, mais qui va aller se "rafraîchir" avant de passer au salon.

 

tailleur indien

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V
Rien que pour être prise pour une princesse, j'ai envie de retourner en Inde...<br /> J'adore le ton de tes posts, ça met de bonne humeur !
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H
<br /> l'auréole ailleurs que sur la tête... d'enfer, moi aussi je dis encore, encore... énormes bisous<br /> <br /> <br />
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H
<br /> quelle épopée, rien qu'en te lisant j'ai les images et les sensations, et ça c'est pour moi la marque des écrivains de talent<br /> j'espère qu'il y a aura plein de suite en inde ou ailleurs ;)<br /> <br /> <br />
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D
<br /> J'adore! Depuis hier, je me dis qu'il faut que je prenne le temps de te lire... Je ne pouvais pas trouve meilleure occasion qu'aujourd'hui, allongée dans le parc au soleil! Bien contente de te lire<br /> à nouveau! Je t' vois bien en plus dans cette boutique entourée de tout ces merveilleux tissu...Gros bisous!<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je viens de voir: "au pays de Gandhi" => énorme !<br /> <br /> <br />
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